Li Torè (le Dompteur de taureau) | CB Philo et Lettres

Sculpté par Léon MIGNON en 1880 dans le cadre de l’exposition rétrospective de l’Art belge qui se tient à Bruxelles, cette réalisation se raccroche à une longue tradition de représentation de l'homme se mesurant à l'animal. L’iconographie peut également être raprochée du mythe d’Hercule combattant le taureau de Crète. L’œuvre fut transposée en bronze et érigée aux Terrasses d'Avroy, dès le 27 juin 1881.

Cette statue d'un taureau accompagné par un homme nu lui tenant les cornes scandalisa la bourgeoisie de l'époque et cette dernière demanda à la ville de supprimer le monument. C’est essentiellement le quotidien catholique « La Gazette de Liège » et plus particulièrement son rédacteur en chef Joseph Demarteau(1)

Les étudiants de notre Alma Mater firent alors courir une pétition allant à l'encontre des désirs de la bourgeoisie et ne tardèrent pas à élever le monument du Torè au rang de symbole. Ils peignirent les couilles du taureau en rouge et crièrent par provocation à l’adresse des bourgeois : « A-s veyou l'Torè ? ». C’est ainsi que les terrasses devinrent le passage obligé de tous les cortèges estudiantins.

En 1940, comme de nombreuses statues liégeoises, notre brave Toré fut emmuré pendant 5 ans dans les caves de l’Académie des Beaux-Arts afin de ne pas finir dans les fonderie du Reich. On le croyait disparut et c’est donc avec un enthousiasme considérable que la population salua sa réapparition, le 19 juillet 1945.  Cet événement miraculeux donna aux étudiants l’idée de commémorer fastueusement une résurrection aussi spectaculaire et le Torè fut canonisé le 12 décembre 1947.

Le premier cortège de la St-Torè eut lieu le mercredi 16 Février 1949 et n’eût alors d’ambition que folklorique. Et oui, la bière engloutit nos fondements…
(Au sujet du cortège, lire l’excellent article de Michel Péters publié en 2011 sur le site Philon.be : Le cortège de la Saint-Torê, héritier d’une longue tradition estudiantine)

Enfin, il faut savoir que le plus vieil ordre liégeois lui a emprunté son nom. Ainsi, l’Union des étudiants catholiques de Liège a nommé sa branche folklorique l’Ordre du Torè (voir article).

 


Sources :
- www.wittert.ulg.ac.be (LANGOHR Sandrine & CREUSEN Alexia) - Dernière consultation le 20/09/2018.
www.inchi-yetu.be - Dernière consultation le 20/09/2018


(1) C’est « grâce » à lui que les étudiants baptisèrent le dompteur du prénom Joseph.